Houari Bouchenak est un jeune photographe algérien. Il a participé au concours Miss Hayek 2012 que l’on ne présente plus, et a remporté le prix de la plus belle prise photo de mariée en hayek. Il a réussi à immortaliser plusieurs traditions, photographier visages et paysages, et surtout il rend hommage à l’Algérie avec pour outils : son appareil photo et sa maîtrise du verbe.
Le site Dziriya.net à voulu s’intéresser à cet art noble, dans un monde et à une époque ou l’image est reine. Venez découvrir cette passion, à travers une interview exclusive de notre talent de la semaine, nommé Houari Bouchenak.
Pour commencer qu’est ce qui vous a motivé et poussé à participer à un tel concours ?
J’ai découvert le concours grâce à son organisatrice, Madame Ismahan Ouaret, qui avait déjà vu mes photos et qui m’a demandée par la suite d’y participer, et que je remercie d’ailleurs. Ça tombait très bien puisque j’allais réaliser toute une série avec un model portant un haik, où l’idée était de donner comme une sorte de fraîcheur à cet habit qui représente pour moi l’une des facettes de l’identité algérienne.
Pouvez vous nous raconter comment à débuter cette passion pour la photographie ?
Mon père m’a offert un appareil photo argentique quand j’avais encore 10 ans et ma mère m’en a acheté un autre pour mes 11 ans, puisque je n’arrivais pas à trouver les pellicules adaptées pour le premier. A ce moment là j’ai commencé a prendre en photo tout ce qui m’entourait : la famille et les amis.
J’étais très influencé par mon oncle, un passionné de l’image, il ne manquait pas une occasion de nous parler des formations qu’il a eu et de sa fameuse chambre noire.
Utiliser la modernité, la technologie pour mettre en avant la tradition c’est original mais c’est un peu osé. Qu’en pensez-vous ?
Osé …. Ca dépend…!! Si on prend le concours comme exemple, le but d’organiser un évènement pareil était de créer comme un catalyseur pour revaloriser le Haik, et pour ça il fallait avoir des regards différents, qu’on pourrait qualifier de modernes, pour donner comme un nouveau souffle à un habit qui commence à se perdre. Du moment où la modernité et la technologie servent à préserver la tradition, en la respectant bien sûr, je ne dirais pas que c’est osé, bien au contraire …
Si vous deviez résumer en quelques mots votre photo de la mariée en Hayek, que diriez-vous ?
La pureté … un nouveau départ …la tradition … l’algérienne … la mystérieuse …
Que symbolise pour vous le Hayek : un Algérie traditionnelle ou une Algérie Révolutionnaire ?
Les deux en même temps. C’est une manière de dire que c’est toujours une fierté d’avoir un pays comme l’Algérie. Un pays qui puise sa force dans ses traditions, qui sont tellement saines et pures.
« Une photographie, c’est un fragment de temps qui ne reviendra pas » selon Martine Franck, célèbre photographe. Qu’en pensez-vous et peut-on en dire de même pour le Hayek ?
Je partage le même avis que Martine Franck quand elle parle de la photographie. Pour moi aussi, chaque photo est particulière et unique. On ne peut pas avoir deux fois de suite la même photo, puisque les choses qui nous entourent nous échappent, et ce qu’on croit détenir, c’est juste un grain de sable face à l’océan dans lequel on est plongé. Mais je reste optimiste quand il s’agit du Haik (qui symbolise pour moi l’Algérie), et je fais confiance à ce petit grain de sable, en me disant que chaque algérien pourrait apporter son petit grain afin de bâtir par la suite un sol solide sur lequel tout le monde pourra s’y poser… et là je ne fais que reprendre et partager les pensées et l’optimisme de l’un des plus grand photographe algérien qui a été marginalisé : Monsieur Mohammed Khelil.
La mode est au Vintage, en regardant les photos d’autres participants, nous retrouvons cet esprit justement. L’Algérie affirme-t-elle enfin son esprit rock et rétro à travers la photographie ?
L’Algérie a toujours affirmé son esprit rétro que ça soit par la photo ou autre. La différence est qu’il y a plus de facilité à mettre cela en avant par la photo, puisque ça reste un outil qui est accessible à tout le monde pratiquement. L’impact de l’image est très important de nos jours.
La photo illustre la tradition tlemcenienne et cette année 2012 Tlemcen est capitale islamique. Est-ce une façon pour vous d’honorer cette ville qui tient encore fort aux coutumes ancestrales et à sa tenue traditionnelle ?
Honorer Tlemcen …. oui … Honorer l’Algérie … oui … mais sans pour cela faire la liaison avec l’évènement de cette année « Tlemcen, capitale de la culture islamique ».
Il y’ a tellement de choses qu’on a perdu dans nos traditions et nos coutumes, que maintenant si on arrive juste à sauvegarder ce qu’il nous reste entre les mains, ça serait déjà un grand exploit.
Votre galerie photo invite au voyage, à la découverte, qu’aimez-vous le plus photographier ? Qu’est ce qui attire votre regard immédiatement et vous donne envie d’immortaliser cet instant ?
Ce que j’aime photographier le plus, c’est l’Homme…le fait de me déplacer d’un endroit à autre me permet de connaitre d’autres gens, d’autres coutumes et d’autres traditions. J’aime partager. Partager la vie des autres, leurs joies … leurs tristesses … et montrer que derrière chaque visage et chaque portrait se cache une histoire … un vécu … !! Montrer que chaque terre porte en elle un poids de gaité, de bonheur ou de chagrin transmis par ceux qui s’attachent à elle avec dévouement et ardeur.
Souvent la beauté de la femme algérienne est immortalisée par la photographie. Est-elle la muse des photographes algériens ?
La beauté de la femme algérienne a ensorcelé plus d’un, moi le premier, et c’est tant mieux d’ailleurs. Elle est la muse des photographes algériens, et devrait être même la muse de tous les photographes du monde … mais un peu d’égoïsme nous ne ferait pas de mal aussi.
Un petit mot pour les lectrices de Dziriya.net ?
Vous êtes les muses de notre Algérie par votre beauté et votre bonté…que Dieu vous préservent et vous gardent pour nous et pour elle.
Vous pouvez découvrir la galerie photos de Houari Bouchenak sur le lien suivant :
http://www.flickr.com/photos/houaribouchenak
Interview réalisée par Ibtissem Aouam