Le cerveau des autistes est différent de celui des autres. Une équipe de chercheurs américains vient de démontrer que, chez eux, l’amygdale, une structure impliquée dans les émotions et le comportement social, comporte moins de neurones qu’elle ne le devrait.
L’autisme est une trouble du développement qui se manifeste dès les premières années de vie et concerne plus d’un enfant sur 20.
Les symptômes : une indifférence aux autres ou un comportement social étrange, une absence de langage ou un langage inhabituel, un désintérêt pour les objets et une tendance à réaliser des activités répétitives. On ne connaît pas encore les causes précises de cette maladie. Il apparaît cependant que de multiples facteurs soient impliqués dans son développement, notamment des anomalies du cerveau, des défauts du placenta, des mutations génétiques ou des facteurs héréditaires.
Cynthia Schumann et David Amaral du Mind Institute de l’université de Californie étudient les particularités du cerveau des autistes. Ils ont voulu savoir dans quelle mesure l’amygdale, ou plus précisément le noyau latéral de l’amygdale, une structure qui gère les émotions et qui module les zones impliquées dans les fonctions cognitives supérieures, pouvait être responsable de ce trouble mental.
Ils ont compté et mesuré les neurones présents dans l’amygdale de 9 autistes masculins décédés, âgés de 10 à 44 ans. Ils ont comparé leurs résultats à ceux obtenus chez 10 personnes décédées du même âge, en prenant soin d’exclure de l’étude les personnes atteintes d’épilepsie ou de maladies susceptibles de causer la perte de neurones. « C’est très surprenant de constater que les amygdales des autistes comportent moins de neurones ! » s’exclame Cynthia Schumann. Jusqu’à présent en effet, les études menées sur ce sujet grâce aux techniques d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) ont montré que les enfants autistes avaient une amygdale anormalement volumineuse à cause du développement précoce de cette structure.
Alors, comment expliquer ce résultat ? D’après Cynthia Schumann et David Amaral, « il est possible que le stress et l’anxiété dont souffrent fréquemment les autistes soient responsables de la disparition à long terme des neurones ».
« Les scientifiques commencent à peine à comprendre cette maladie, poursuivent les auteurs. Cette étude nous permet aujourd’hui d’en savoir un peu plus mais elle n’en demeure pas moins un grand mystère ».
El Moudjahid – 15-02-2009