[dropcap type=”default”]M[/dropcap]ême si elles sont souvent très enthousiastes à l’idée de fonder un foyer, les femmes seraient aujourd’hui les premières à demander le divorce. Une récente étude américaine vient confirmer cette tendance.
Bien que cette décision soit lourde de conséquence pour la famille et pour la femme elle-même, il semblerait que cette dernière soit très souvent l’initiatrice de cette désunion.
D’après une étude de Michael Rosenfeld, professeur de sociologie à l’Université de Stanford aux États-Unis, intitulée « Comment les couples se rencontrent et restent ensemble », la grande majorité des divorces seraient décidées par les femmes.
En Algérie, où quasiment 50 000 divorces sont prononcés chaque année, cette tendance se confirme très nettement. Et les résultats sont encore plus surprenants lorsque l’on sait que les femmes algériennes paient particulièrement cher le prix de cette liberté, qui n’en est pas vraiment une dans une société où la cellule familiale est centrée sur l’homme.
Les femmes divorcées et mères de famille se retrouvent bien souvent dans une grande détresse psychologique et doivent faire face, en plus du regard accusateur de la société, à un niveau de vie précaire. De plus, les mères se retrouvent contraintes au célibat pour ne pas perdre la garde de leurs enfants. En effet, d’après le code de la famille, le père est en droit de demander la garde des enfants si son ex-épouse se remarie. Et à ce niveau, nous n’évoquons même pas les hommes qui refusent catégoriquement d’épouser une femme déjà mère.
Alors, dans ce cas, pourquoi les femmes algériennes demandent-elles le divorce ?
Les femmes qui veulent divorcer ne le font pas par plaisir ou par caprice, souvent cette décision s’avère vitale pour leur bien-être.
Le mariage est souvent au bénéfice de l’homme qui trouve une épouse attentive, qui l’accompagne dans sa vie professionnelle, personnelle. L’homme marié a souvent du temps pour s’adonner à des loisirs, délégant trop souvent les responsabilités du foyer à son épouse, qui se retrouve à tout prendre en charge malgré elle. Pour l’homme, la machine est parfaitement huilée, il ne se rend même pas compte du calvaire que vit son épouse.
La femme devient alors transparente ! Les hommes se complaisent complètement dans ce schéma et n’ont, par conséquent, aucune envie de tout perdre, et ce, même s’ils n’éprouvent plus d’amour pour leur femme. Le choix d’une maîtresse est pour eux une solution parfaite.
Dans l’absolu, les femmes algériennes, en majorité musulmanes, ne sont pas si exigeantes que cela. Elles ont même tendance à tout miser sur le mariage et la famille. Elles s’investissent complètement dans leur nouveau foyer, quitte à renoncer à elles-même. Ces femmes, qui donnent beaucoup, ne ressentent pas le même niveau d’engagement vis-à-vis de leur mari. Ce déséquilibre devient trop difficile à supporter. Elles se sentent alors niées et le divorce devient alors la seule issue possible.
Voici, en exclusivité sur Dziriya Magazine, le témoignage de deux femmes divorcées en Algérie
Samia, divorcée depuis 4 ans explique : “Croyez-moi, si j’en suis arrivée au divorce c’est que je n’avais pas d’autres choix. Mon ex-mari n’avait pas coupé le cordon ombilical. Il vivait toujours comme un célibataire et n’arrivait pas à se centrer sur sa nouvelle famille. Sa famille (mère, sœurs et frères) était sa priorité. J’ai accepté de vivre chez eux en attendant d’avoir notre propre maison, et croyez-moi j’ai très vite regretté ce choix. J’avais l’impression de n’exister que pour lui. Je ne trouvais aucun épanouissement dans ce mariage”, ajoute-t-elle à notre rédaction.
Myriam, quant à elle, raconte sa difficulté à vivre l’après-divorce. “J’ai l’impression qu’il y a un réel décalage entre les hommes et les femmes en Algérie. Nous, on avance, on fait des études, on travaille, on se marie pour prendre en charge un foyer. Mais l’homme algérien est à la traîne. Cela est dû à notre éducation où l’homme est mis sur un pied d’escale. Mon divorce a été très difficile, l’après-divorce est aussi très difficile. Surtout le regard des gens qui adoptent trois comportements bien différents, soient ils vous fuient, soit vous leur faites pitiés ou alors ils sont méprisants. Malgré tout, je ne regrette rien car je sais pourquoi j’ai divorcé.” Avant de trancher : “On n’a qu’une vie !