L’enfance ouvre ses bras à la vie…..la reçoit avec un large sourire, des rêves, l’espoir d’un lendemain meilleur. Mais un mal sournois nommé cancer tente d’escamoter la joie de cette innocence qui n’en connait rien sauf que c’est un ennemi implacable qu’il faut combattre inlassablement, accroché au fil ténu de la foi et de l’espoir.
Le chemin est parsemé d’embuches tandis que le ministère de la santé fait la sourde oreille aux cris de détresse de ceux qui aspirent à quitter ce monde dans un minimum de dignité.
La frange la plus fragile de la société subit de grandes souffrances physiques et psychologiques qui ne font qu’empirer du fait de la situation déplorable que vivent les malades au niveau des différentes structures de la santé.
Nos enfants s’éteignent en silence, victimes de la marginalisation, de notre négligence, de notre incapacité à les secourir ou à les accompagner avec compassion durant leur agonie. Nos enfants ont besoin d’un centre spécialisé qui leur assure un lit et des soins adéquats, au lieu de figurer sur des listes d’attente jusqu’à ce que leur état devienne critique et désespéré avec une chance de guérison extrêmement réduite.
Une vérité bien amère que nie le ministère de la santé. L’unité d’oncologie infantile au centre Pierre et Marie Curie ne peut recevoir plus de 13 malades, une goutte d’eau dans l’océan des enfants qui attendent un traitement. La responsable de l’unité, docteur Gachi affirme d’ailleurs que cette capacité d’accueil très limitée constitue le plus grand obstacle à la prise en charge des enfants atteints de cancer. Les rendez-vous sont souvent retardés, jusqu’à plus d’un mois vu le nombre important de cas. L’unité traite 500 cas et en reçoit 200 nouveaux annuellement, sans parler des nombreux enfants qui attendent un traitement.
Les médecins, que nous avons pu rencontrer estiment que la seule solution et le salut pour ces petits malades réside dans l’activation des centres existants dans les wilayas et l’accélération du projet du centre spécialisé pour les enfants dont on parle depuis deux ans à l’Hôpital Maillot de Bab El oued. Les spécialistes ignorent à quoi sont dus ces retards alors que l’enfant mérite une attention particulière dans sa prise en charge, plus de temps et beaucoup d’humanisme.
Même si le malade trouve par miracle une place, ses déboires ne s’arrêtent pas là. Car après l’ablation de la tumeur, tous les malades ne peuvent bénéficier de la radiothérapie et de la chimiothérapie, nécessaires pourtant pour éradiquer le cancer. Certains patients attendent jusqu’à six mois pour avoir leur première séance, et c’est parfois trop tard, car la récidive est déjà installée. La situation est catastrophique et le ministère de la santé ne donne pas suite aux correspondances et aux cris de détresse des malades, de leurs familles, des infirmiers et des médecins.
La responsable de l’unité d’oncologie infantile au centre Pierre et Marie Curie, docteur Fatiha Gachi a indiqué que la plupart des enfants atteints de cancer au niveau de l’unité ont 12 ans d’âge. Si la leucémie est la plus répandue, 50% des cas du centre sont atteints du cancer du cerveau. Dans 60% des cas, la maladie est vaincue, sinon, le mal qui récidive est rarement guérissable. Par conséquent, les autres patients décèdent.
Le système de santé va mal, estime notre interlocutrice avant de soulever le problème de la formation des médecins, notamment à l’intérieur du pays.
La maladie frappe ces enfants sans crier gare, le temps s’arrête pour leurs proches… La mort les guette alors à chaque instant…
Les enfants otages de la maladie et de l’indifférence sont désemparés. Ils s’entassent dans la même salle, ceux qui sont stade terminal et ceux qui sont encore sous traitement; conséquence de la faible capacité d’accueil.
Les enfants assistent à la mort d’autres malades comme eux, leurs compagnons d’infortune, installés dans la même chambre; ils sont alors terrassés par le chagrin, terrorisés, et s’interrogent sur leur propre sursis.
Des innocents agonisent, en silence et même les pleurs se font discrets…
Dans cette douleur, la volonté de vaincre la maladie subsiste, l’espoir et le rêve permettent à ces enfants de s’accrocher.
21/01/10
Crédit photo : El chourouk